THÉÂTRE : Tête de Turc

Salle de cinéma de l’Institut français Izmir
06.03.2024 19:00

Spectacle seulement en français

Dans le cadre du Printemps des poètes et du Printemps de la Francophonie 2024, l’Institut français Izmir vous propose un spectacle créé et interprété par Benoît Vitse autour de la lecture de textes du poète Nazim Hikmet.

« A l’origine du projet, il y eut une première invitation au l’Institut français d’Izmir, il y a deux ans. J’ai alors découvert la force et l’actualité de la poésie de Nazim Hikmet lors d’une soirée avec des poètes turcs dont nous lisions les œuvres. Rentré en France, je me suis attaché à trouver d’autres textes de Hikmet et, avec ce spectacle, à restituer sur scène la puissance de ses écrits. »

A partir d’une sélection des différents textes de Nazim Hikmet, des poèmes écrits en prison aux textes politiques en passant par les souvenirs autobiographiques, la lecture par Benoit Vitse rend hommage au poète turc et montre combien son œuvre est toujours aussi vivante et actuelle.

Les musiques qui accompagnent les textes sont des œuvres de musiciens turcs, notamment Umut Adam Seytanin et les violons de Yayla.

  • Mercredi 6 mars, 19h00
  • Salle de cinéma de l’Institut français Izmir
  • Entrée gratuite sur inscription, cliquez ici.
  • Spectacle seulement en français
  • Durée : 1 heure

Benoît Vitse

D’abord comédien, Benoit Vitse devient ensuite metteur en scène et directeur de la Compagnie Guillaume Cale dans l’Oise pendant quinze ans. Il obtient des prix au Festival d’Avignon et de Strasbourg. A partir de 1996, il occupe les fonctions de directeur du Centre Culturel Français de Iasi en Roumanie, puis de directeur de l’Institut Français de Kiev en Ukraine avant de devenir, en 2002, directeur de l’Ateneu, Centre Européen de Création, en Roumanie. Il dirige ensuite la Compagnie Cassini à Hermes jusqu’en 2018.

Il est auteur de plusieurs ouvrages : Autobiographie autorisée d’un gaucho picard en 2022, Les Lettres du Moldave et Les Batailles impudiques en 2021.

Il est également traducteur de l’auteur moldave Dumitru Crudu et de son œuvre Moi j’ai tué Hitler en 2021.

Nâzim Hikmet (1902-1963)

Nâzim Hikmet, enfant, est bercé par la poésie de son grand-père Pacha, un haut fonctionnaire ottoman, et par sa mère, Djélilé, artiste férue de culture française. Révolté par l’occupation d’Istanbul par les puissances alliées après la première guerre mondiale, exalté par la lutte des paysans turcs pour l’indépendance et enthousiasmé par la révolution d’Octobre, il a tout juste vingt ans quand il part à Moscou, en 1922.

Il retourne en Turquie en 1924, après la guerre d’indépendance, mais, victime de persécutions, car c’est désormais un « rouge », il repart à Moscou en 1926 et multiplie les allers-retours. Communiste parce qu’il aime tout, passionnément, la liberté, son pays, son peuple et ses femmes, il devient le génie en exil de l’avant-garde turque.

De retour en Turquie, il est condamné en 1938 à vingt-huit ans d’emprisonnement, car il a publié, en 1936, un éloge de la révolte, L’Épopée de Sheik Bedrettin, ou le combat d’un paysan contre les forces de l’Empire ottoman. Il est libéré en 1949 grâce à l’action d’un comité international de soutien, formé à Paris par ses camarades Jean-Paul Sartre, Pablo Picasso et Paul Robeson.

Hikmet est constamment surveillé. Il échappe miraculeusement à deux tentatives de meurtre, mais ne parvient pas à être exempté du service militaire, qu’on lui demande d’effectuer à cinquante ans. C’est la guerre froide, et il milite contre la prolifération de l’armement nucléaire.

Devenu membre très actif du Conseil mondial de la paix, le poète chante l’Internationale, mais ne tait pas son rejet du stalinisme. Citoyen polonais à la suite de la perte de la nationalité turque, il voyage partout, pour tromper l’exil. En Europe, en Afrique et en Amérique du Sud seulement, car les États-Unis lui refusent un visa.


J’ai pris le train, l’avion, l’automobile,
la plupart des gens ne peuvent le faire.
Je suis allé à l’opéra
la plupart des gens ne peuvent y aller
et en ignorent même le nom.
Mais là où vont la plupart des gens, je n’y suis pas allé depuis 1921 :
à la mosquée, à l’église, à la synagogue,
au temple, chez le sorcier,
mais j’ai lu quelquefois dans le marc de café…
(Nazım Hikmet, Autobiographie)