Exposition : « Mère, mères » – Lâm Duc Hiên

Institut français à Istanbul
09.05.2019
25.08.2019

Lâm Duc Hiên saisit sans jamais les voler les visages, les corps, les mouvements de ces « sans toit », « sans argent », « sans bien », « sans pays », « sans sécurité », « sans voix ». Découvrez-les à l’occasion de l’exposition « Mère, mères », à l’Institut français à Istanbul, du 09 mai au 25 août 2019.

Exposition : « Mère, mères » – Lâm Duc Hiên

Vernissage : 09 mai 2019 – 19:15
Exposition du 10 mai au 25 août 2019

« Le Mékong est la mère des fleuves », dit celui qui est né sur ses rives avant de connaître l’exil, les camps de réfugiés, un pays d’adoption – la France – et de se construire une identité dans les plis et replis de l’exil. Le sien d’abord, puis celui des autres, qu’il photographie sur tous les continents, étant entendu que l’exil n’est pas seulement une affaire de géographies, et parle avant tout d’exclusion, qu’elle soit politique, sociale, économique mais aussi linguistique – ainsi peut-on se retrouver étranger dans son propre pays. C’est ce dont témoigne principalement le travail photographique de Lâm Duc Hiên, « franco-laotien », puisque c’est ainsi qu’il se présente, rejoignant peut-être Cioran dans l’idée selon laquelle « On n’habite pas un pays, on habite une langue ».

Lâm Duc Hiên saisit sans jamais les voler les visages, les corps, les mouvements de ces « sans toit », « sans argent », « sans bien », « sans pays », « sans sécurité », « sans voix », et nous les présente au contraire riches de leurs existences et acteurs de leurs trajectoires, dans des contextes où le fait de continuer à vivre constitue en soi un acte de résistance.
Ces visages parchemins nous posent la question. Ces corps palimpsestes nous racontent une histoire. Ces mouvements saisis offrent aux silhouettes un peu d’éternité.

Lâm Duc Hiên photographie à hauteur d’Humain, principalement à hauteur de femmes et d’enfants, de mères aussi, souvent. Ce qu’il saisit dans ses portraits, c’est ce que peu de gens parviennent ne serait-ce qu’à voir, et oublient trop souvent : il n’existe d’échelle au monde que celle de l’individu, et c’est lui seul qui intéresse Lâm Duc Hiên, loin de tout misérabilisme.

Le travail de Lâm Duc Hiên est de ceux qui éveillent, qui nous réveillent, nous rappelant que tout regard est politique, et qu’il ne tient qu’à nous d’ouvrir les yeux. « Photographe de la nécessité », chacune de ses photos nourrit un dialogue avec celles et ceux que l’on n’entend jamais, trop occupés à vivre dans des contextes qui se résument souvent pour nous à une bande son à la radio, à des images défilant sous nos yeux blasés. On ne revient pas coupable de ce voyage dans l’œil de Lâm Duc Hiên. On en revient conscient.

-Ingrid Thobois

Lâm Duc Hiên :
Photographe franco-laotien, membre de l’agence VU de 1995 à 2002 et depuis 2017, il vit et travaille entre la France et la République Tchèque. Né en 1966 sur les rives du Mékong au Laos, Lâm Duc Hiên suit sa famille en exil après la victoire du Pathet-Lao : traversée de nuit du Mékong pour la Thaïlande, deux dures années de camp de réfugiés, deux évasions, avant d’arriver en France en 1977. Hiên Lâm Duc développe alors un travail photographique engagé à travers le monde aussi bien dans ses projets personnels qu’en commande pour la presse ou pour les ONG. Il témoigne des conséquences des conflits majeurs de la fin du XXe et du début du XXIe sur les populations civiles. Il documente également l’influence des évolutions du monde contemporain sur la vie le long des fleuves Mékong et Niger. Régulièrement publié dans la presse, son travail fait également l’objet de livres et d’expositions. Lauréat, entre autres distinctions, du Prix Leica, du Grand Prix Européen de la Ville de Vevey, de la Bourse Villa Médicis hors les murs, ou encore de la Bourse de la fondation Jean-Luc Lagardère, Hiên Lâm Duc a vu ses portraits « Gens d’Irak » récompensés du prestigieux Word Press Photo.

Inscription obligatoire pour assister au vernissage.